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La boîte aux lettres de Martine Gengoux
(Éditions de l’Aube, mai 2018)
À « La Courette », on découvre une galerie bigarrée de personnages : une Mylène qui a fui sa mère encombrante, une Lucile à la tignasse noire usée, un vieux Marcellin cultivant son potager, un Matteo secrètement amoureux, une Suzy discrète et un Francis à la jambe claudicante.
La quiétude de ce microcosme improbable est troublée par la visite de l’inspecteur de Briard qui voudrait parler à Lucile de la disparition d’une petite fille, Molly, qu’elle a gardée il y a quelque temps. Le hic, c’est que Lucile a mis les voiles quand elle a appris la visite de cet inconnu avec un nom à particule. Un brin paniquée, un brin paumée aussi, elle part en auto-stop dans le sud de la France (« elle n’est pas encore arrivée à lire le mode d’emploi de la vie à l’endroit […] sa vie [est] emberlificotée dans un scénario qu’elle ne maîtrise pas »). Quand un automobiliste lui demande où elle va, elle répond : « C’est un problème de ne pas savoir ? ». Le ton est donné.
Le lecteur va suivre en parallèle du voyage de Lucile la fugue de Molly, qui compte les petits moments de bonheur depuis la séparation de ses parents. D’un côté, nous découvrons les errances de Lucile et les rumeurs suscitées à La Courette par sa disparition : pour certains, si elle a disparu sans crier gare, c’est qu’elle est coupable ; pour d’autres, elle n’enlèverait jamais une petite fille, et si oui, pourquoi ? D’un autre côté, nous suivons la fragile Molly, qui essaye de dompter ses angoisses avec son « truc à écraser la peur », mais il ne fonctionne pas toujours… L’enquête est confiée à de Briard, un con fini qui a les indices sous les yeux et ne les voit pas, un personnage aux accents de Pierre Richard dans La chèvre, la maladresse en moins.
Nous sommes plongés dans un univers de personnages au caractère bien trempé, pas vraiment marginaux, mais pas vraiment ancrés dans un mode de vie classique, ce qui nous donne à lire quelques scènes cocasses savoureuses.
Le deuxième roman de Martine Gengoux (après Pas simple de s’appeler Violette avec un profil de baobab) est assez agréable à lire, il nous connecte à la part d’humanité commune qui nous relie tous et nous rappelle avec tendresse qu’il n’y a pas de mode d’emploi pour mener son existence.