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La boîte aux lettres de Martine Gengoux
(Éditions de l’Aube, mars 2017)
(en audio)
Il y a des romans où la réponse à cette question se construit dans l’ombre des hommes effacés par la terrible gomme de l’Histoire, drame, tragédie, méditations. D’autres choisissent les voies plus aériennes du bonheur ou de ce qui tente de lui ressembler à force de répétitions et d’application. Les hommes sont si malhabiles dans le bonheur et si magnifiques dans la joie de sa reconstruction…
Martine Gengoux publie, avec Pas simple de s’appeler Violette avec un profil de baobab, un premier roman au titre farfelu et à l’énergie soutenue. Sous ces apparentes fantaisies, l’auteur renoue avec cette sorte de musique que l’on prête eux chansons qui rassemblent une époque.
Violette marche sur un pied, elle vient de perdre son travail dans la blanchisserie qui l’employait, vit avec un cochon d’Inde, collectionne des puzzles infernaux et semble être particulièrement peu outillée pour vivre de grandes passions.
Mais un jour, sa sœur l’invite, pour lui présenter son nouveau fiancé (quelle idée !). À l’Hôtel de la plage que possède la famille de ce nouveau beau-frère, elle commence une vie où le tourbillon remplace la disparition névrotique qui allait être la sienne. Elle fait rebondir le monde, les rencontres accélèrent le roman, les personnages sonnent juste, la vie est une comédie dont nous ne connaissons pas la mise en scène alors que nous jouons.
Le roman emporte ce temps qui passe dans des rites d’apaisement et l’espièglerie l’emporte sur la dilution des âmes. Dans un style Martin Gengoux écrit par ailleurs des articles, des nouvelles, anime des ateliers d’écriture et semble avoir trouvé sa voie dans ce roman aux échos mélancoliques qu’elle ne confond pas avec cette molle tendresse des romans sans poison.